Être imam en Chine peut facilement vous conduire en prison. C’est ce que révèle un nouveau rapport publié par une organisation de défense des droits des Ouïghours, le « Uyghur Human Rights Project », basé aux États-Unis.
Grâce à des données publiques et privées, des témoignages et des documents de procédures juridiques, l’organisation a compilé des centaines de cas qui font état d’une grave violation de la liberté religieuse, en principe garantie par la constitution chinoise.
« Nous documentons les cas de 1 046 imams et d’autres figures religieuses, pour la plupart des Ouïghours et des Kazakhs, qui ont été arrêtés ou emprisonnés. 18 d’entre eux sont morts en détention », explique Peter Irwin du « Uyghur Human Rights Project » avant de prévenir que les chiffres « sont en réalité certainement bien plus élevés ».
« Le fait d’être imam suffit pour être arrêté ou condamné à une peine de prison, ajoute-t-il. Et ce n’est pas le seul motif. C’est également le cas par exemple si vous avez étudié la théologie à l’étranger. La possession de matériel religieux est également interdite, vous pouvez donc être poursuivi pour avoir un Coran ou pour avoir enregistré un texte religieux sur votre téléphone. Apprendre le Coran à des enfants est aussi interdit. »
« Tromperie, fabrication et désinformation »
Toujours selon l’organisation, « parmi les quelque 300 imams ou représentants religieux qui ont été condamnés à une peine de prison », 96 % ont été condamnés à plus de cinq ans de détention, dont 25 % à des peines de 20 ans ou plus. « Donc, selon notre rapport, un tiers des personnes dont nous avons pu retrouver la trace doit être en train de purger de longues, de très longues peines, pour une pratique religieuse qui paraît pourtant tout à fait normale », conclut-il.
Dans une tentative pour faire taire les critiques, les autorités chinoises ont communiqué sur la fête de l’Aïd qui s’est déroulée normalement en Chine. Des vidéos ont même été diffusées, montrant des personnes danser et festoyer, pour prouver que les musulmans de la province du Xinjiang avaient pu se retrouver et célébrer la fin du ramadan. Une pratique à laquelle les autorités chinoises ont déjà eu recours dans le passé,notamment avec la sortie du film The wings of song.
Des images qui ne sont que « tromperie, fabrication et désinformation », estime Dolkun Isa, le président Congrès mondial des Ouïghours (WUC) interrogé par Radio Free Asia. « Le premier jour de l’Aïd, explique-t-il, la Chine a forcé les Ouïghours à se rendre dans les mosquées pour assister à une cérémonie de lever du drapeau chinois, chanter l’hymne national chinois, puis prier et danser afin de créer une façade qui suggère que les Ouïghours jouissent de la liberté religieuse. »
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