Le 02 décembre 2024 restera gravé dans les mémoires comme un jour de grande tristesse et de désolation à N’zérékoré. Ce qui devait être un événement sportif majeur, la finale du tournoi doté du trophée du Général Mamadi Doumbouya, s’est tragiquement transformé en une scène de chaos, d’affrontements et de pertes humaines. Ce tournoi, symbole de la refondation du pays et du soutien aux réformes du gouvernement, s’est terminé dans un bain de sang, mettant en lumière la gravité de la situation en matière de gestion des événements de masse, mais aussi de tensions sociales et sportives.
Un début de match sous tension : les cartons rouges contestés
Tout a commencé de manière banale, comme tout autre match de football. La finale du tournoi entre l’équipe de Labé et celle de N’zérékoré se jouait sous les yeux de milliers de spectateurs, venus assister à ce qui s’annonçait comme une belle confrontation sportive. Mais dès la première mi-temps, les choses ont pris une tournure inattendue.
L’arbitre du match a distribué trois cartons rouges, une décision qui a immédiatement enflammé les supporters de l’équipe de Labé. Trois cartons rouges en tout ont été donnés à des joueurs de Labé, et cette décision a été perçue comme une injustice par les fans de l’équipe. Le stade a été envahi par des cris, des huées et des protestations, mettant la pression sur l’arbitre. Le match a été suspendu pendant plusieurs minutes sous la pression croissante de la foule. Le préfet de N’zérékoré et le gouverneur, présents sur place, ont dû intervenir pour calmer les esprits et négocier avec l’arbitre. Après un moment de tension, l’arbitre a accepté d’annuler deux des cartons rouges donnés à l’équipe de Labé, et le match a pu reprendre.
La situation dégénère : penalty et nouvelle tension
À peine le match a-t-il repris que de nouvelles contestations ont émergé. À cinq minutes de jeu après la reprise, l’arbitre a sifflé un penalty en faveur de l’équipe de N’zérékoré. Cette décision a provoqué une nouvelle vague de protestations, plus violentes encore que les précédentes. Les supporters de Labé, furieux, ont jeté des pierres et des objets divers sur le terrain, obligeant les forces de sécurité à intervenir pour maintenir l’ordre.
La tension dans le stade est montée en flèche. Des scènes de violence ont éclaté dans les tribunes, et des spectateurs ont commencé à envahir le terrain. Les militaires, déployés pour assurer la sécurité, ont été contraints d’utiliser des gaz lacrymogènes pour disperser la foule en furie. C’est là que le véritable drame a commencé. Le gaz lacrymogène a déclenché une panique générale dans le stade. Les spectateurs se sont précipités vers les sorties, dans une bousculade monstrueuse. Alors que les portes principales étaient verrouillées, beaucoup ont tenté de fuir par les petites issues, entraînant des scènes de chaos absolu.
La tragédie : 56 morts et plusieurs blessés
Le bilan provisoire de cette tragédie est effroyable. Selon les premiers rapports des autorités locales, 56 personnes ont perdu la vie, et plusieurs autres ont été blessées, dont certaines dans un état critique. La plupart des victimes ont été écrasées dans la bousculade, tandis que d’autres ont été victimes de blessures liées aux gaz lacrymogènes et aux affrontements dans les tribunes.
Des témoins oculaires ont décrit des scènes d’horreur : des personnes piétinées, d’autres incapables de respirer à cause des gaz, et des jeunes qui ont été écrasés contre les grilles des portes de sortie. Les équipes de secours se sont rapidement rendues sur place, mais la situation était déjà hors de contrôle. Les hôpitaux locaux ont dû faire face à un afflux massif de blessés, et des médecins, des secouristes et même des militaires ont travaillé d’arrache-pied pour porter assistance aux victimes.
Les responsables : L’arbitre et les corps habillés sous la loupe
La question de la responsabilité reste en suspens. L’arbitrage défaillant a clairement été l’un des éléments déclencheurs de la violence qui a secoué le stade de N’Nzérékoré. Les cartons rouges contestés ont plongé les supporters dans une colère incontrôlable. L’absence d’une gestion de crise adéquate et la prise de décisions hâtives par l’arbitre ont exacerbé une situation déjà tendue. De plus, l’usage des gaz lacrymogènes par les forces de sécurité, bien qu’une mesure visant à contrôler la foule, a amplifié la panique et précipité la tragédie.
Le gouvernement guinéen a immédiatement réagi après la catastrophe en annonçant une enquête pour faire la lumière sur les circonstances exactes de cet incident. Le ministre de l’Intérieur a déclaré que les responsables, tant du côté de l’arbitrage que des forces de sécurité, seront punis sévèrement. « Ce genre de violence et de négligence ne sera pas toléré. Nous devons garantir la sécurité de nos citoyens, et cet incident est inacceptable », a-t-il ajouté.
Des témoignages poignants des survivants
Les témoignages des survivants font état de scènes de panique indescriptibles. « C’était l’horreur », raconte un jeune homme qui a échappé à la bousculade. « Quand l’arbitre a donné le penalty, tout le monde a perdu son calme. Les supporters de Labé ont commencé à jeter des pierres, et quelques minutes plus tard, les gaz lacrymogènes ont envahi le stade. Je ne pouvais plus respirer, c’était insupportable. Les gens tombaient par terre, se faisant piétiner. J’ai eu de la chance d’en réchapper. »
Les autorités locales, choquées par le drame, ont appelé à la solidarité et ont promis de soutenir les familles des victimes. Le gouverneur de la région a affirmé que des mesures seront prises pour renforcer la sécurité lors de futurs événements sportifs et éviter de telles tragédies.
Un événement sportif qui se transforme en une catastrophe nationale
Ce drame remet en question non seulement l’organisation des événements sportifs en Guinée, mais aussi la gestion de la sécurité publique dans des moments de forte tension. Le football, censé être un vecteur de paix et de cohésion sociale, a ici été détourné en un terrain de violence et de souffrance humaine. L’événement sportif qui avait pour but de célébrer la refondation du pays et de soutenir le général Mamadi Doumbouya a laissé place à une tragédie d’une ampleur inimaginable.
Cet incident soulève aussi des questions sur le manque de préparation des autorités locales et de l’instance organisatrice du tournoi face à des situations de crise. Des protocoles de sécurité renforcés, une meilleure gestion des foules et une formation adéquate des arbitres et des forces de sécurité sont des éléments indispensables pour prévenir de tels drames à l’avenir.
L’enquête et la recherche de responsabilités
Le gouvernement guinéen a annoncé l’ouverture d’une enquête approfondie pour déterminer les causes exactes de la tragédie. L’enquête se concentrera non seulement sur les actions de l’arbitre et des militaires, mais aussi sur l’organisation générale de l’événement et la gestion des mesures de sécurité. Les familles des victimes, ainsi que la nation tout entière, attendent des réponses claires et des sanctions à la hauteur de la gravité des faits.
Le ministre des Sports, dans un communiqué de presse, a exprimé sa profonde consternation et a promis de collaborer pleinement à l’enquête, tout en assurant que la mémoire des victimes sera honorée à travers une série de mesures concrètes visant à prévenir de futures tragédies dans les événements sportifs en Guinée.
Un drame qui appelle à des réformes urgentes
La tragédie de N’Nzérékoré, qui a coûté la vie à des cinquantins de personnes et blessé plusieurs centaines, est un appel à la réflexion et à la révision des pratiques en matière de sécurité publique, de gestion des événements sportifs et de contrôle des foules. Il est impératif que le pays tire les leçons de ce drame pour éviter qu’un tel événement ne se reproduise.
L’enquête en cours permettra peut-être de clarifier les responsabilités et d’apporter des solutions pour améliorer l’organisation des événements sportifs, afin qu’ils restent des moments de convivialité et de joie, et non de tragédie. La Guinée doit prendre des mesures immédiates pour garantir la sécurité et la tranquillité de ses citoyens, particulièrement lors des événements qui attirent un grand nombre de participants.
Cet article revient sur la tragédie de N’Nzérékoré, les causes qui ont conduit au drame, les premières réactions et l’importance de tirer des leçons pour l’avenir.
M Bachir Baldé Pour C24news.info