La promulgation d’une nouvelle ère politique au Gabon le 18 décembre 2024, le président de la transition, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, a officiellement promulgué la nouvelle constitution du Gabon, marquant une étape décisive dans la transition politique du pays. Cette annonce a été faite lors d’une cérémonie solennelle à Libreville, en présence de hauts dignitaires militaires et civils, et des représentants des institutions nationales.
Lors de cet événement historique, le Général Oligui Nguema a réaffirmé son engagement à ne pas briguer la présidence une fois la transition achevée. « Je ne serai pas candidat », a-t-il déclaré, soulignant que son seul objectif est de garantir le retour à un gouvernement civil à travers des élections crédibles et transparentes. Cette déclaration vise à rassurer les Gabonais et la communauté internationale sur la volonté du régime militaire de respecter le processus démocratique, tout en mettant un terme à des décennies de gouvernance autoritaire.
La promulgation de cette nouvelle constitution intervient dans un contexte politique fragile, après le renversement du président Ali Bongo Ondimba en août 2023. La transition actuelle, bien que saluée par certains pour son caractère apaisé, suscite également des interrogations sur l’équilibre du pouvoir entre civils et militaires, et la viabilité d’un véritable processus démocratique dans un pays qui a longtemps été marqué par des régimes autoritaires.
Les principales caractéristiques de la nouvelle constitution
La nouvelle constitution, tout en consolidant les principes démocratiques, introduit des changements notables concernant le rôle de l’armée dans la gouvernance du Gabon. L’un des aspects les plus marquants est l’inclusion d’un article qui attribue à l’armée un pouvoir de surveillance et de contrôle sur les futurs processus électoraux. Selon cet article, toute modification substantielle de la constitution, notamment l’extension des mandats présidentiels ou toute tentative de manipulation politique, pourra être bloquée par l’armée.
Le Général Oligui Nguema a insisté sur le fait que cette constitution est « scellée par l’armée », soulignant que l’armée jouera un rôle de garant de la stabilité et de l’intégrité du pays. Selon lui, la modification de cette constitution serait impossible sans l’accord des forces armées, ce qui pourrait renforcer leur influence politique à long terme.
Cette décision fait écho à une volonté de renforcer la sécurité et la stabilité institutionnelle du pays, mais elle soulève des questions concernant l’équilibre des pouvoirs entre le militaire et le civil. En pratique, cette mesure pourrait limiter la liberté des futures administrations civiles, tout en consolidant le rôle de l’armée dans les prises de décision stratégiques.
Le défi de la transition et les attentes de la population
Bien que le Général Oligui Nguema ait promis de respecter une transition vers un gouvernement civil, des préoccupations persistent quant à la manière dont cette transition sera mise en œuvre. L’une des principales attentes des Gabonais est de voir un processus électoral qui soit non seulement transparent, mais aussi inclusif et représentatif de toutes les forces politiques et sociales du pays. Si la transition se déroule sans heurts, elle pourrait servir de modèle pour d’autres pays de la région en quête de stabilité post-conflit.
Cependant, les observateurs restent vigilants quant à l’engagement des autorités militaires à garantir un cadre électoral équitable. Le spectre de l’influence militaire sur la politique reste une inquiétude persistante, malgré les assurances du président de la transition. L’idée de confier à l’armée le pouvoir de bloquer toute tentative de prolongation des mandats présidentiels pourrait, dans le futur, être perçue comme un outil de contrôle plus que comme un gage de démocratie.
Le défi pour le Gabon réside désormais dans sa capacité à organiser des élections transparentes, tout en respectant la nouvelle constitution qui, bien que renforçant la stabilité, pourrait limiter certaines libertés politiques. La communauté internationale suivra de près les progrès de cette transition, et son succès ou son échec pourrait avoir des répercussions sur la perception des transitions politiques dans d’autres pays africains confrontés à des dynamiques similaires.
Un avenir incertain mais porteur d’espoirs
La promulgation de la nouvelle constitution au Gabon marque sans aucun doute un tournant dans la politique du pays. Si le général Oligui Nguema semble déterminé à mener une transition pacifique et à garantir un retour à la gouvernance civile, les garanties constitutionnelles concernant le rôle de l’armée soulèvent des interrogations sur l’avenir de la démocratie gabonaise. Les prochains mois, notamment les élections promises par le gouvernement de transition, seront cruciaux pour définir l’orientation politique du Gabon et sa place sur la scène internationale.
M Bachir Baldé Pour C24news.info