Dans un contexte politique tendu, marqué par des transitions de pouvoir souvent controversées, la liberté d’expression est un droit fondamental, mais elle peut aussi devenir un terrain miné pour ceux qui osent critiquer les autorités en place. En Guinée, l’insécurité et les kidnappings sont des problèmes majeurs auxquels les citoyens sont confrontés au quotidien, et la légitimité du pouvoir politique fait débat, notamment depuis les coups d’État successifs. Ce texte explore le témoignage d’un homme, ancien membre des forces de sécurité, dont les prises de position publiques ont suscité l’attention et la répression des autorités guinéennes.
- Contexte politique et sécurité en Guinée : un terrain de tension
Depuis la prise de pouvoir par le Colonel Mamadi Doumbouya à la suite du coup d’État du 5 septembre 2021, la Guinée est plongée dans une période de transition politique. Bien que des engagements aient été pris pour organiser des élections libres et transparentes, la situation sur le terrain reste incertaine. Les questions de sécurité sont au cœur des préoccupations des citoyens, et les kidnappings, notamment des membres de la société civile et des hommes d’affaires, sont devenus une réalité quotidienne.
L’auteur de cette réflexion, en sa qualité de citoyen et ancien membre de la gendarmerie, a eu l’audace de dénoncer ces dérives à travers des prises de parole publiques. Il a exprimé son inquiétude face à la montée de l’insécurité, appelant notamment les religieux et les autorités à prendre leurs responsabilités. Cette prise de position ne fait cependant pas l’unanimité et a attiré la vigilance des autorités.
2. Les critiques envers les autorités de transition et la légitimité du pouvoir
Une autre facette de l’intervention de l’auteur dans le débat public réside dans ses critiques à l’égard des autorités en place. L’un des points de discorde majeurs porte sur la légitimité du pouvoir actuel. Selon lui, le gouvernement de transition, bien qu’ayant pris le pouvoir par un coup d’État, n’a pas de légitimité démocratique, car il n’a pas été élu par le peuple guinéen. Cette position s’inscrit dans une tradition de contestation de la légitimité des régimes militaires ou autocratiques qui, par le passé, ont pris le pouvoir en dehors des processus démocratiques.
Les autorités actuelles sont vues par une partie de la population comme des gardiennes du pouvoir, à la tête d’une transition qui pourrait durer plus longtemps que prévu, au détriment de l’établissement d’un régime démocratique. Cette perception nourrit un sentiment de méfiance et de frustration parmi ceux qui, comme l’auteur, estiment que les engagements de la transition (en termes de réformes et de respect des délais électoraux) n’ont pas été respectés.
III. Le rôle de la société civile et de la classe religieuse dans le débat national
Dans ses interventions médiatiques, l’auteur a insisté sur la responsabilité de la société civile et des leaders religieux. Face à l’ampleur des problèmes auxquels la Guinée est confrontée, il appelle ces derniers à ne pas rester passifs et à prendre publiquement position pour le bien de la nation. L’église, la mosquée et les autres organisations religieuses, souvent perçues comme des instruments de médiation sociale, sont invitées à dire la vérité et à ne pas se taire face à l’injustice, à la répression ou à l’insécurité grandissante.
Ce plaidoyer s’inscrit dans une volonté de renforcer la voix des citoyens et de créer un espace de dialogue plus inclusif, où les autorités, la société civile et les citoyens peuvent travailler ensemble à la résolution des problèmes qui minent le pays.
- Répression et conséquences pour l’auteur : une remise en question du droit à la critique
Le témoignage de l’auteur met également en lumière la répression politique qui peut s’abattre sur ceux qui s’opposent aux autorités guinéennes. Après ses prises de position publiques, il a été confronté à une réaction violente de la part des autorités, qui l’ont accusé de remettre en cause la stabilité du pays. Lors de son interrogatoire à la gendarmerie, une vidéo dans laquelle il dénonçait l’insécurité et critiquait la légitimité du pouvoir a été utilisée contre lui comme preuve de ses prétendus agissements subversifs.
Cet épisode soulève la question du droit à la critique dans un contexte politique fragile et où les voix dissidentes sont souvent perçues comme une menace pour l’ordre établi. L’auteur, bien que ne cherchant qu’à éveiller les consciences et à encourager un débat démocratique, a été contraint de faire face à des représailles, illustrant ainsi les limites de la liberté d’expression en Guinée.
Le témoignage de cet ancien gendarme révèle les tensions et les défis auxquels est confrontée la Guinée dans sa quête de démocratie et de stabilité. La répression de la liberté d’expression, en particulier lorsque des critiques sont émises à l’encontre des autorités, soulève de sérieuses inquiétudes quant à l’engagement des autorités actuelles à respecter les principes démocratiques. En même temps, il met en lumière le rôle crucial que peuvent jouer les acteurs de la société civile et de la classe religieuse dans la consolidation de la paix et de la justice sociale.
Dans un pays en pleine transition, où les enjeux sont multiples et complexes, le droit à la parole et à la critique devrait être protégé et encouragé comme un pilier essentiel de toute démocratie.
M Bachir Baldé Pour c24news.info