Le bureau de l’Agence Française de Développement (AFD) a effectué une visite de terrain au centre des survivantes de Moribaya, un projet soutenu depuis mars 2024 par l’AFD et l’Ambassade de France en Guinée. L’objectif de cette mission ponctuelle était de faire un état des lieux de l’avancement des activités du centre et d’évaluer l’impact du soutien apporté aux victimes de violences sexuelles. Dans un contexte où ces violences sont souvent invisibilisées, l’initiative de l’AFD et de ses partenaires vise à offrir une prise en charge holistique permettant de restaurer la dignité et l’autonomie des survivantes.
Le contexte de la violence sexuelle en Guinée
En Guinée, les violences sexuelles sont un problème majeur, touchant principalement les femmes et les jeunes filles, bien souvent dans des contextes de conflits ou de violences domestiques. Cependant, de nombreuses victimes hésitent à porter plainte ou à chercher de l’aide en raison de la stigmatisation, du manque d’accès aux services appropriés, ou de la peur des représailles. Cette réalité a motivé la mise en place de plusieurs initiatives visant à répondre aux besoins urgents des survivantes, tout en prévenant la récurrence de telles violences.
La mission de l’AFD, qui est d’accompagner les projets de développement et de solidarité, s’inscrit dans une démarche globale de soutien aux droits des femmes et à l’égalité des sexes. Le centre de Moribaya, soutenu par l’AFD et l’Ambassade de France en Guinée, incarne cette approche, en offrant une réponse multidimensionnelle aux besoins des survivantes de violences sexuelles.
Le centre des survivantes de Moribaya : Un modèle de prise en charge holistique
Le centre de Moribaya se distingue par son modèle de prise en charge holistique qui va bien au-delà de la simple assistance médicale ou psychologique. Conçu pour accompagner les survivantes tout au long de leur processus de guérison et d’autonomisation, il met en place un ensemble de services complémentaires.
Un accompagnement psychologique et médical
Le centre offre un soutien psychologique spécialisé aux survivantes, un aspect crucial dans la réhabilitation des victimes de violences sexuelles. Ce soutien permet de traiter les traumatismes émotionnels, d’aider à la reconstruction de l’estime de soi et de renforcer la résilience des survivantes face aux violences qu’elles ont subies.
Parallèlement, un accompagnement médical est fourni, notamment pour les soins d’urgence, les consultations gynécologiques, et les traitements relatifs aux infections sexuellement transmissibles (IST) ou aux grossesses non désirées. Les équipes médicales du centre travaillent en étroite collaboration avec des partenaires locaux pour garantir une prise en charge optimale.
La clinique juridique
Le centre offre également une clinique juridique où les survivantes peuvent bénéficier de conseils et d’assistance pour déposer plainte, engager des démarches judiciaires ou simplement comprendre leurs droits. Cet aspect est essentiel dans un contexte où la justice n’est pas toujours accessible ou bienveillante envers les victimes. Le soutien juridique permet de renforcer la capacité des survivantes à se défendre et à faire entendre leurs voix face aux auteurs de violences.
Les activités génératrices de revenus
L’un des aspects innovants du centre est l’intégration d’activités génératrices de revenus (AGR). Ces activités visent à aider les survivantes à retrouver leur indépendance financière et à leur offrir des moyens d’existence durables. Elles comprennent des formations en couture, en élevage, et d’autres métiers artisanaux. Cette dimension économique est fondamentale dans le processus d’autonomisation, en permettant aux femmes de reprendre le contrôle de leur vie et de contribuer à la société.
Un partenariat stratégique pour renforcer l’impact du centre
L’AFD, par le biais de son soutien financier et technique, joue un rôle clé dans le succès du projet. En collaborant avec l’Ambassade de France en Guinée, l’Agence permet de renforcer l’infrastructure du centre et d’étendre son impact à un plus grand nombre de survivantes. Le soutien continu de l’AFD inclut non seulement un financement pour la gestion des services mais aussi des formations pour le personnel, garantissant une prise en charge de qualité.
Lors de la visite de ce matin, les représentants de l’AFD ont eu l’occasion de rencontrer les équipes du centre et de dialoguer avec certaines des survivantes, afin d’évaluer l’efficacité des dispositifs mis en place. Les témoignages des bénéficiaires ont été riches en enseignements et ont mis en lumière les progrès réalisés, tout en soulignant les défis à surmonter.
Les défis à venir et les perspectives d’avenir
Malgré les réussites évidentes, le centre fait face à de nombreux défis. Le nombre de survivantes continuant d’augmenter, le centre doit faire face à une pression accrue sur ses ressources humaines et matérielles. De plus, la stigmatisation des victimes de violences sexuelles demeure un obstacle important à l’épanouissement complet des survivantes.
Pour garantir la pérennité du projet, le centre de Moribaya envisage de renforcer ses partenariats, d’accroître la sensibilisation sur les droits des femmes et d’améliorer l’accès à la justice. Le soutien de l’AFD et de l’Ambassade de France devra également se traduire par un accompagnement prolongé et l’intégration de nouvelles technologies, afin de faciliter l’accès aux services et d’étendre la portée du centre à d’autres régions de Guinée.
La mission de l’AFD à Moribaya reflète une prise en charge complète et multidimensionnelle des survivantes de violences sexuelles, visant à favoriser leur réinsertion dans la société et leur autonomisation. Ce partenariat avec l’Ambassade de France constitue un modèle de coopération internationale au service des droits humains et de l’égalité entre les sexes. En soutenant ce type de projets, l’AFD contribue non seulement à améliorer la situation des survivantes, mais aussi à renforcer la résilience des communautés face à l’ampleur des violences de genre. Le chemin reste long, mais des pas significatifs ont été franchis grâce à cette initiative.
M Bachir Baldé Pour C24News.Info