Le Décret Présidentiel et les Raisons de la Décision
Le 20 novembre 2024, une annonce majeure a été faite à travers la télévision nationale malienne ORTM (Office de la Radiodiffusion Télévision du Mali), marquant un tournant dans la politique du pays. Le Président de la République du Mali, Assimi Goïta, a décidé de mettre fin aux fonctions du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga ainsi qu’à celles des membres du gouvernement malien. Cette décision, prise dans le cadre de la réorganisation du gouvernement, a été officialisée par un décret lu à la télévision par le Secrétaire à la Présidence du Mali, Alhousseny Diawara.
Choguel Maïga, qui occupait la fonction de Premier ministre depuis juin 2021, a été un acteur central du gouvernement de la transition, mis en place après le coup d’État militaire du 18 août 2020. Maïga, ancien ministre des Affaires étrangères et figure importante du Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques du Mali (M5-RFP), avait joué un rôle clé dans la gestion des affaires de l’État après la chute du président Ibrahim Boubacar Keïta. Le décret a suscité de nombreuses interrogations sur les raisons précises de cette réorganisation politique.
Le gouvernement malien fait face à de nombreux défis, notamment la lutte contre le terrorisme, les tensions politiques internes et la gestion de la transition démocratique, après deux coups d’État successifs en 2020 et 2021. La décision de mettre fin aux fonctions de Choguel Maïga et de son équipe intervient alors que le pays traverse une période de turbulence politique, avec des attentes croissantes des citoyens et de la communauté internationale pour la stabilisation du pays.
Le Rôle de Choguel Maïga dans la Transition Malienne
Choguel Maïga, en tant que Premier ministre, a joué un rôle décisif dans la mise en œuvre des décisions prises par le gouvernement de la transition. En tant qu’ancien opposant et chef de file du M5-RFP, il avait une légitimité particulière au sein de la population malienne, particulièrement chez ceux qui avaient soutenu le coup d’État contre l’ancien président Keïta. Sous sa direction, le gouvernement de la transition a entrepris plusieurs réformes et actions, bien que la situation sécuritaire et les tensions politiques aient freiné l’atteinte de nombreux objectifs.
L’un des principaux dossiers sous la houlette de Choguel Maïga a été la gestion de la crise sécuritaire liée aux attaques terroristes et aux affrontements entre les forces de défense et de sécurité maliennes et les groupes djihadistes dans le centre et le nord du pays. Le gouvernement avait mis en place des stratégies pour renforcer la lutte contre le terrorisme, tout en cherchant des partenariats stratégiques avec d’autres nations africaines et des acteurs internationaux.
Cependant, la gestion de cette crise et les décisions prises par le gouvernement Maïga n’ont pas toujours fait l’unanimité, notamment en raison des tensions avec certains partenaires internationaux, notamment la France et les Nations unies, qui ont exprimé leurs inquiétudes sur les droits de l’homme et la situation politique au Mali. De plus, des critiques ont été émises concernant le manque de progrès en matière de réconciliation nationale et de transition vers un régime démocratique.
L’éviction de Choguel Maïga pourrait signifier un changement de direction dans les politiques internes du Mali, notamment en ce qui concerne les relations avec la communauté internationale et la gestion des affaires internes du pays.
Perspectives et Réactions à la Décision
La décision du Président Goïta d’écarter Choguel Maïga et les membres de son gouvernement intervient à un moment où la transition malienne entre dans une phase cruciale. Le Mali, plongé dans une crise sécuritaire, politique et économique, doit maintenant se tourner vers une nouvelle équipe dirigeante pour mener à bien la transition démocratique et préparer les élections prévues à l’horizon 2025.
Les réactions à cette annonce ont été partagées. Du côté du gouvernement, la mesure a été justifiée comme étant nécessaire pour redynamiser la transition et répondre aux défis urgents du pays. Le gouvernement a également insisté sur le fait que cette réorganisation ne remet pas en cause les engagements de la transition vis-à-vis de la communauté internationale et des partenaires régionaux.
Cependant, cette décision pourrait aussi entraîner des turbulences politiques, car le Premier ministre Choguel Maïga jouissait d’une certaine popularité, notamment parmi les partisans du M5-RFP, qui l’ont soutenu dans son combat contre le régime de Keïta. Certains observateurs estiment que cette éviction pourrait aggraver les divisions internes au sein de la classe politique malienne et compliquer la mise en œuvre de la feuille de route de la transition.
Du côté de la société civile et des mouvements politiques, des voix se sont élevées pour exprimer des préoccupations quant à la stabilité de la transition. Beaucoup s’interrogent sur la direction que prendra le pays après cette annonce. Certains estiment que cette réorganisation pourrait être un moyen pour le Président Goïta de renforcer son contrôle sur la transition, mais cela pourrait aussi exacerber les tensions avec certains groupes de la société malienne.
En réponse à la décision, les membres du gouvernement sortant, y compris le Premier ministre Choguel Maïga, n’ont pas encore fait de déclarations officielles, mais il est probable qu’ils expriment leur position dans les jours à venir. Les analystes politiques s’attendent à ce que la transition soit marquée par un remaniement de la direction gouvernementale, avec la nomination imminente d’un nouveau Premier ministre et de nouveaux ministres pour conduire la seconde phase de la transition.
La mise à l’écart de Choguel Kokalla Maïga et de son gouvernement constitue un moment déterminant dans l’histoire récente du Mali. Alors que le pays traverse une crise complexe, avec des défis sécuritaires et politiques de taille, la nomination d’un nouveau Premier ministre et d’une nouvelle équipe gouvernementale pourrait redéfinir les priorités de la transition malienne et les relations avec les acteurs internationaux. L’avenir du Mali reste incertain, et l’issue de cette transition dépendra de la capacité du nouveau gouvernement à naviguer avec succès entre les attentes de la population et les exigences de la communauté internationale.