Le 4 janvier 2025, un événement majeur secoue la sphère politique et économique de la Guinée. Mory Camara, le directeur général des Impôts, a été officiellement inculpé et placé en détention à la Maison Centrale de Conakry, suite à des accusations graves de détournement de fonds publics. L’affaire a immédiatement fait l’objet de vives réactions dans le pays, secouant les institutions et mettant en lumière la question de la gestion des finances publiques.
Un Détournement de Fonds D’une Ampleur Inédite
Mory Camara, nommé directeur général des Impôts il y a quelques années, avait jusque-là bénéficié d’une image de technocrate rigoureux, chargé de collecter les recettes fiscales et de lutter contre l’évasion fiscale dans un pays où l’économie informelle et l’évasion fiscale sont des problèmes récurrents. Mais la nouvelle de son inculpation pour un détournement présumé des milliards de dollars fait l’effet d’une bombe.
Ce montant vertigineux serait le fruit d’un ensemble d’opérations frauduleuses, allant du détournement direct des fonds publics à la manipulation de documents fiscaux pour couvrir des pratiques de corruption. Les autorités judiciaires guinéennes ont indiqué que l’enquête avait permis de retracer plusieurs transactions suspectes, impliquant des entreprises fictives et des comptes bancaires offshore, dans lesquels une partie des fonds publics destinés aux caisses de l’État aurait été détournée.
Le montant évoqué, des milliards de dollars, représente une somme qui dépasse largement le budget annuel de plusieurs ministères de la Guinée, suscitant ainsi des interrogations sur l’ampleur du réseau de complicité autour de cette affaire. Cette affaire de détournement est d’autant plus choquante qu’elle touche une institution clé dans la gestion des finances publiques, en particulier à un moment où le pays fait face à des défis économiques majeurs.
Les Premiers Signes de la Découverte du Détournement
Les premières alertes concernant des irrégularités au sein du Ministère des Impôts étaient apparus il y a plusieurs mois, lorsqu’un audit interne avait révélé des anomalies dans la gestion des recettes fiscales. À ce moment-là, des signalements avaient été faits concernant des transferts de fonds non justifiés et des incohérences dans les rapports financiers de certains départements sous la tutelle de Mory Camara. Toutefois, il faudra attendre plusieurs mois d’enquête et une pression croissante de la société civile pour que le dossier soit pris en main par la justice guinéenne.
Les investigations menées par les services du Comité de Réflexion pour l’Inspection des Finances (CRIF), un organisme indépendant chargé de surveiller l’utilisation des fonds publics, ont permis de mettre au jour des preuves accablantes. Des documents falsifiés, des entreprises fictives enregistrées sous des noms de prête-noms, ainsi que des virements suspects vers des comptes à l’étranger ont été découverts.
Les preuves accumulées par les enquêteurs ont donc conduit à l’inculpation de Mory Camara pour détournement de fonds publics, blanchiment d’argent, corruption active et abus de fonction. Les autorités ont agi rapidement en plaçant le DG des Impôts en détention provisoire à la Maison Centrale de Conakry, où il attend actuellement son procès.
Réactions Politiques et Sociales
L’inculpation de Mory Camara a immédiatement fait réagir les autorités politiques, économiques et la société civile guinéenne. Certains analystes soulignent qu’il s’agit d’un tournant important dans la lutte contre la corruption, un fléau endémique qui gangrène les finances publiques depuis de nombreuses années. L’enquête en cours est perçue par une partie de la population comme un signe que les autorités guinéennes sont enfin déterminées à lutter contre les pratiques de corruption, même au sein des plus hautes sphères de l’État.
Le gouvernement, par la voix de son porte-parole, a affirmé que l’affaire serait traitée avec la plus grande transparence, et que tous ceux qui seraient impliqués dans ce scandale, qu’ils soient fonctionnaires ou partenaires privés, seraient poursuivis et jugés. Le président de la République a également assuré qu’une réforme en profondeur des institutions fiscales et une révision des mécanismes de contrôle des finances publiques seraient mises en place pour éviter de tels scandales à l’avenir.
Cependant, des voix s’élèvent également pour souligner que Mory Camara pourrait être un bouc émissaire dans un système plus vaste de corruption systémique. Certains analystes pensent que cette affaire pourrait être le fruit d’une lutte de pouvoir interne au sein de l’administration guinéenne, et que d’autres hauts fonctionnaires pourraient être impliqués. Le débat est ainsi lancé sur la nécessité d’aller au-delà du cas individuel et de mettre en place des réformes structurelles dans la gestion des finances publiques.
Le Défi de la Lutte Contre la Corruption
L’affaire Mory Camara soulève plusieurs questions fondamentales concernant la gestion des finances publiques en Guinée. Le pays, qui a déjà été confronté à de nombreux scandales financiers dans le passé, peine à instaurer une culture de transparence et de responsabilité au sein de ses institutions publiques. Le système fiscal guinéen, qui repose sur une collecte parfois inégale et souvent opaque des recettes fiscales, est l’un des maillons faibles de l’administration. Les pratiques de corruption sont courantes, tant au niveau des petites taxes locales qu’au niveau des grandes transactions financières.
L’inculpation de Mory Camara pourrait donc marquer un tournant important dans cette lutte. Cependant, la question demeure : la justice guinéenne saura-t-elle aller au-delà de la condamnation d’un seul individu pour s’attaquer au système de corruption qui gangrène l’ensemble du pays ? Beaucoup estiment que pour que cette affaire ait un impact réel sur la gouvernance, il faut qu’elle soit suivie d’une série de réformes profondes et de sanctions contre d’autres acteurs du système.
Une Affaire qui Secoue la Guinée
Le départ de Mory Camara et son inculpation pour détournement de fonds marquent un tournant majeur pour la Guinée. Cette affaire expose les failles du système fiscal et financier du pays, mais elle pourrait aussi devenir un catalyseur pour des réformes structurelles plus profondes. La société guinéenne attend désormais de savoir si cette affaire sera l’occasion d’un véritable changement ou si elle restera un épisode isolé dans la longue lutte contre la corruption.
Alors que le pays est confronté à des défis économiques importants, cette affaire met en lumière la nécessité d’une gouvernance plus rigoureuse et d’un contrôle plus strict des finances publiques. Le rôle de la justice sera crucial dans les mois à venir, et l’attention de la communauté internationale sera également portée sur l’évolution de ce dossier. Le cas Mory Camara, par son ampleur et ses implications, pourrait bien redéfinir la manière dont la Guinée abordera la question de la transparence et de la responsabilité dans la gestion de ses ressources publiques.
M Bachir Baldé Pour C24news.info