Conakry, le 03 Février 2025 – L’audience tant attendue du procès de Dr Ousmane Kaba devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) a été marquée par des tensions au sein de la salle d’audience, ce lundi 3 février 2025. Le procès, qui se déroule dans un contexte politique et médiatique tendu, a pris une tournure inattendue lorsque l’avocate de la partie civile, Me Ténenké Touré, s’est retrouvée en désaccord avec les avocats de la défense concernant la manière de s’adresser à Dr Ousmane Kaba.
Le différend a éclaté en pleine session, alors que Me Touré a insisté pour que Dr Kaba soit désigné par son nom complet, « Dr Ousmane Kaba », à la barre. Une demande rejetée catégoriquement par l’équipe de défense qui exigeait que l’accusé soit appelé uniquement par « Monsieur Ousmane Kaba ». Ce clash verbal a causé une suspension de l’audience pendant plusieurs minutes, jusqu’à ce que le tribunal parvienne à apaiser les esprits.
Cependant, cet incident n’a pas été le seul sujet de tension. Dr Ousmane Kaba, prenant la parole lors de cette suspension, a exprimé sa frustration face à ce qu’il considère comme une politisation excessive de son procès. Selon ses propos, ce dernier serait davantage influencé par des considérations politiques que par des faits judiciaires réels. « Inch’Allah, c’est aux militaires de faire tous les procès, comme ça personne ne dira que c’est à cause de la politique », a-t-il déclaré, ajoutant que la situation actuelle nuit à l’objectivité de la procédure.
Le Conflit sur l’Appellation : Un Symbole des Tensions sous-jacentes
Ce tiraillement sur la façon de s’adresser à Dr Ousmane Kaba n’est pas simplement une question de forme. Il illustre un profond fossé qui se creuse entre les avocats de la défense et ceux de la partie civile. Pour Me Ténenké Touré, appeler l’accusé par son nom complet est une manière de rappeler la gravité des accusations portées contre lui et de respecter la solennité du procès. De son côté, la défense considère que la demande de Me Touré est une tentative d’humilier leur client et de l’exposer à une pression morale supplémentaire.
Dans le contexte actuel du procès, où Dr Kaba et plusieurs de ses anciens collaborateurs sont accusés de détournement de fonds publics et de mauvaise gestion des finances de l’État, chaque détail semble avoir son importance. Les avocats de la défense soulignent qu’il est crucial de garantir à leur client un traitement impartial et respectueux tout au long de la procédure, mais également de dénoncer ce qu’ils perçoivent comme une instrumentalisation politique du dossier.
Les Propos de Dr Ousmane Kaba : Politisation du Procès et Appel à l’Objectivité
Au-delà du différend concernant les termes employés, les propos de Dr Ousmane Kaba, après la suspension de l’audience, ont alimenté de vives discussions sur la politisation du procès. L’accusé, visiblement agacé par les rebondissements incessants de l’affaire, a pris un ton ferme, exprimant son désarroi face à ce qu’il considère comme un procès biaisé par les luttes politiques internes. Pour lui, les enjeux personnels et politiques ont pris le pas sur la justice.
« Ils veulent que ce procès soit un spectacle. Mais je vous assure, Inch’Allah, si c’étaient des militaires qui s’en occupaient, ce serait un autre type de procès, beaucoup plus rigoureux et sans pression politique », a-t-il lancé, visiblement exaspéré. Cette déclaration laisse entrevoir la frustration croissante du principal accusé, qui semble désirer une certaine forme de rigueur militaire, loin des influences qu’il estime présentes dans la procédure actuelle.
Les mots de Dr Ousmane Kaba n’ont pas manqué de faire réagir aussi bien la défense que l’accusation. La partie civile a dénoncé ces propos comme une tentative de déstabiliser le procès, tandis que l’équipe de la défense a réaffirmé sa position selon laquelle l’accusé est victime d’un procès injuste, monté sur des bases politiques fragiles.
Une Procédure Difficilement Impartiale : Le Poids de la Politique
Si le procès de Dr Ousmane Kaba et de ses coaccusés continue d’être suivi avec une attention particulière, la tension grandissante dans la salle d’audience est également le reflet des doutes croissants quant à la capacité du système judiciaire à rester impartial dans ce genre de contexte. Les allégations de politisation de l’affaire ne cessent d’être soulevées, en particulier par ceux qui estiment que l’affaire est avant tout un outil de règlement de comptes politiques.
Le rôle de la CRIEF, souvent critiquée pour sa proximité avec le pouvoir politique, est plus que jamais au centre des débats. Certains observateurs estiment que, pour que la justice soit rendue de manière équitable, il est impératif que la CRIEF se détache de toute pression externe et se concentre exclusivement sur les faits. Mais les récents événements dans la salle d’audience et les déclarations de Dr Kaba suggèrent qu’une telle objectivité pourrait être difficile à atteindre.
Le Regard du Public et l’Attente d’un Verdict
À mesure que l’affaire avance, les opinions sont de plus en plus partagées. D’un côté, ceux qui voient en Dr Ousmane Kaba un symbole de l’opposition, accusé pour des raisons politiques. De l’autre, ceux qui estiment que la justice doit suivre son cours, indépendamment des enjeux politiques. La prochaine audience, prévue pour le 17 février 2025, s’annonce encore plus cruciale, non seulement pour l’avenir judiciaire de Dr Kaba, mais aussi pour la crédibilité de la CRIEF en tant qu’institution indépendante.
Les développements à venir de cette affaire seront sans doute scrutés de près, alors que le pays attend une issue qui pourrait bien redéfinir les relations entre la politique et la justice en Guinée.
Hadja Djeinabou Pour c24news.info